Poèmes Amérindiens

 

 

 

 

 

 

Ne pleure pas petite fille

J'ai bien vécu ma vie

J'ai chassé le bison

Vu le soleil se coucher à l'horizon

Le loup fut mon fidèle compagnon

L'aigle est venu pour me guider

J'ai trouvé grace à la bonté de notre mère nourricière

La nourriture qu'il fallait pour nourrir ma tribu  tout entière

J'ai vu maintes fois le soleil se lever

sur la rivière si fraiche l'été

J'ai  vu mon peuple grandir, s'aimer et s'épanouir

Aujourd'hui le Grand Esprit est venu me chercher

Car pour moi le moment est venu de me reposer

Alors petite s'il te plait

Sur moi ne pleure pas

J'ai eu une belle vie ici bas

J'espère seulement qu'elle sera aussi belle pour toi ...

Va mon enfant, va, moi je pars avec le Grand Esprit ...

Mais de là-haut, je vais veiller sur ma tribu, sur ma famille ...

 

 

 

 

 

 

Marcher dans la Beauté

(Prière Navajo)

 

 

Me promenant dans la Beauté

Me promenant, me promenant avec elle 

L’univers entier m’accompagne en cette promenade

Sa beauté marche devant moi

Sa beauté marche derrière moi

Sa beauté marche au-dessous de moi

Sa beauté marche au-dessus de moi

La Beauté est de toute part.

 

Je marche et je marche avec la Beauté

Dans la Beauté, je peux marcher

Je peux ainsi marcher toute une journée

Et puis tout au long des cycles des saisons

En toute beauté, je possèderai encore une fois

Les plus beaux oiseaux

Ceux qui sont beaux et joyeux

Sur la piste gravée de pollen où je me promène

Des sauterelles sautent autour de mes pieds

pendant que je me promène

De la rosée sur mes pieds pendant que je marche

 

Que la Beauté m’accompagne

Elle, devant moi

Elle, derrière moi

Elle, au-dessus de moi

Elle, tout autour de moi

Et l’âge venu, je me promènerai encore,

Bien vivant, sur la piste de la Beauté

Je m’y promènerai toujours

Jusqu'à finir dans la Beauté.

 

 

 

 

Chez les Amérindiens, il n’y a pas seulement

les quatre directions ordinaires de la boussole,

mais sept : nord, est, ouest, sud, zénith,

et nadir (à l'opposé du zénith, donc ne se voit pas)

mais c’est le "partout" qui nous intéresse ici.

Il y a certaines entités qui peuvent être partout :

 le divin, l’air, l’amour ou la poussière. 

Alors cette prière nous parle de ce qui existe

dans tous les sens du terme et

qui doit être respecté pendant toute notre vie. 

 

Les sauterelles et la rosée :

au lieu de penser que ce ne sont là

que des détails poétiques,

ces mots  attirent notre attention

sur ce qui est important ...

puisque que tout détail fait partie du Tout. 


Le terme "la piste gravée de pollen"

est importante dans la culture navajo. 

Le pollen béni s’emploie chez les Navajos

dans les cérémonies et surtout dans les dessins

de sable d’un shaman lors des séances thérapeutiques. 

Le pollen est sacré car il donne la vie et la renouvelle. 

Par conséquent, l'itinéraire de chaque personne,

dans la vie, est sacré. 

 

La dimension temporelle est, elle aussi, importante :

la journée, les saisons, le cycle d'une vie avec sa fin. 

Un temps qui confine à l'espace

comme à un horizon commun.

 

La marche est sans cesse rappelée :

c'est le sentier des Indiens

où chacun doit mettre le pas dans celui des ancêtres. 

Si l'on quitte la piste pour un moment,

pour une pensée,un sentiment ou une action,

il  y aura risque d'égarement.